Œuvres
Biographie
1877–1953
Né au Havre en 1877 dans une famille modeste, Raoul Dufy commence par suivre les cours du soir de Charles Lhuillier à l’école municipale des Beaux-Arts de sa ville. C’est là qu’il rencontre Othon Friesz qui restera l’un de ses amis les plus proches. En 1900, grâce à une bourse, il entre aux Beaux Arts de Paris où il retrouve son ami havrais. Il consacre la plupart de son temps au dessin. Il expose dès 1901 au Salon des Artistes Français, puis au Salon des Indépendants en 1903 où le peintre Maurice Denis lui achète une toile. Durant cette période, il peint souvent les environs du Havre ou de Fécamp où il part avec son ami Albert Marquet, mais il séjourne aussi à Martigues en Provence (en 1903–1904, pus en 1906–1907). C’est à cette période que sa peinture, à l’instar de celles de ses amis Othon Friesz et Albert Marquet, semble suivre les pas du fauvisme, ce tout jeune mouvement artistique mené par Henri Matisse. On le voit notamment dans « Nu rose au fauteuil » (1906). Mais la grande rétrospective consacrée à l’œuvre de Paul Cézanne en 1907 le marque comme nombre de jeunes peintres de sa génération et le conduit pour un temps vers un cubisme cézanniste. Il accompagne ainsi son ami George Braque à l’Estaque, près de Marseille, où les deux peintres travaillent sur des motifs cézaniens dans une manière caractéristique des débuts du cubisme (« L’Estaque », 1908). Il travaille aussi à la même époque dans le Vexin près de Paris aux côtés des peintres André Lhote et Jean Marchand, futurs représentants de ce cubisme naissant, mené par Georges Braque et Pablo Picasso. Durant toutes ces années, Raoul Dufy est à la recherche de sa propre manière de peindre qui apparaît clairement en 1913 avec « Le Jardin abandonné » : des couleurs vives sur lesquelles se pose le dessin. En effet, Dufy prend conscience que pour l’œil, les couleurs ne sont pas des attributs consubstantiels à l’objet représenté mais qu’elles ont, pour ainsi dire, leur propre vie indépendante, elles débordent des objets, et d’autant plus quand l’objet est en mouvement. Dufy commence alors à dissocier la couleur du dessin, dissociation qui caractérisera toute son œuvre. En même temps que sa peinture se développe dans un style personnel (chromatisme de plus en plus éclatant, dessin de plus en plus libre) et rencontre le succès, Dufy met son immense talent de dessinateur au service d’un travail d’illustrateur (il réalise les bois gravés pour Le Bestiaire de Guillaume Apollinaire), de décorateur (il conçoit les motifs de tissu pour le couturier Jean Poiret, il réalise les costumes et les décors du Bœuf sur le toit de Jean Cocteau en 1920) – travail qu’il poursuivra jusque dans les années 1940. Il travaille aussi en collaboration avec le céramiste catalan Artigas à partir de 1923. Voyageant à travers l’Europe, découvrant le Maroc, Dufy vit une grande partie de son temps dans le Sud de la France, principalement à Nice. En 1936–1937, artiste reconnu, il réalise pour le pavillon de l’Électricité de l’Exposition Universelle de 1937 la peinture la plus grande au monde, La fée Électricité (624 m²), qui se trouve aujourd’hui au Musée d’Art Moderne de Paris. À partir des années 1930, l’aquarelle et la gouache prennent de plus en plus de place dans son travail car elles lui permettent de pousser son style encore plus loin : des flaques de fond sont étendues sur un papier préalablement mouillé, tendu sur une planche à dessin. Une fois sèches, Dufy dessine au pinceau les différents objets du motif. Installé définitivement dans le Sud de la France à partir des années 1940, il représente la France à la Biennale de Venise en 1952 où il remporte le prix de peinture. Il meurt le 23 mars 1953 dans sa maison des Alpes de Haute Provence.