Œuvres

Biographie

1882–1960

Auguste HerbinNé en 1882 dans la petite ville de Cateau-Cam­bré­sis au Nord de la France (ville natale d’Henri Matisse), Auguste Herbin, dont les par­ents sont tis­serands, suit très jeune des cours de dessin indus­triel. Il étudie ensuite aux Beaux-Arts de Lille, avant de s’installer à Paris en 1901. Il com­mence alors à pein­dre dans un style post-impres­sion­niste qui, dès 1906, pren­dra les couleurs du fau­visme, comme le prou­vent notam­ment les mag­nifiques toiles fauves qu’il peint à cette époque-là en Corse (« Rue de Bas­tia » ou « Le matin, Corse », 1907) ou à Paris (« La place Maubert, 1907). Mais il est très vite intéressé par les débuts du cubisme, comme le prou­vent les paysages qu’il peint dans le Nord entre 1908 et 1910. Sa ren­con­tre avec Pablo Picas­so, Georges Braque et Juan Gris au Bateau-Lavoir en 1909 le con­forte dans cette voie même s’il se démar­que déjà de leur tra­vail par son usage de la couleur vivre et la pré­ci­sion de son dessin. En 1910, il expose au Salon des Indépen­dants dans la même salle que Jean Met­zinger, Albert Gleizes et Fer­nand Léger. En 1912, il par­ticipe à l’exposition de la Sec­tion d’Or. La même année, il est exposé à Berlin et l’année suiv­ante à l’Armory Show à New-York. Les toiles qu’il peint à Céret dans les Pyrénées Ori­en­tales, en com­pag­nie de Pablo Picas­so, Juan Gris et Max Jacobs, à par­tir de 1913, se défont de la per­spec­tive et sont claire­ment cubistes. Mobil­isé pen­dant la Pre­mière Guerre Mon­di­ale, il reprend la pein­ture en 1917 et s’oriente vers davan­tage d’abstraction. Sous con­trat avec le marc­hand d’art Léonce Rosen­berg, qui lui achète plusieurs toiles, il expose à plusieurs repris­es à la Galerie de l’Effort Mod­erne entre 1918 et 1921. Cher­chant à créer une forme d’art total au début des années 1920, il réalise une série d’objets mon­u­men­taux, des pein­tures géométriques en relief sur bois, qui sont très mal accueil­lies par la cri­tique et le pub­lic. Il retourne alors vivre dans le Nord où il pein­dra de 1922 à 1925 dans un style plus fig­u­ratif. Il désavouera plus tard la série de paysages et de natures mortes qu’il peint à cette péri­ode. Mais ces années de doute le con­duisent finale­ment à affirmer dès 1926 de façon défini­tive son goût pour l’abstraction. Il se met à pein­dre des formes nettes et pré­cis­es en aplat en priv­ilé­giant la courbe qui rythme la con­struc­tion de la toile – courbe qu’il con­fronte à par­tir de 1936 à des car­rés et des tri­an­gles avec une palette de plus en plus vive. En 1929, il co-fonde le Salon des Surindépen­dants, puis le groupe Abstrac­tion-Créa­tion avec l’artiste belge Georges Van­tonger­loo. Leur objec­tif est non seule­ment de pro­mou­voir l’art abstrait après le retour d’une ten­dance à l’art fig­u­ratif dans la deux­ième moitié des années 1920, mais aus­si de con­tr­er l’influence très forte des Sur­réal­istes. Ce groupe existe de 1932 à 1936, avant de devenir le groupe des « Réal­ités Nou­velles » en 1939 mené par Robert et Sonia Delau­nay. En 1946, Herbin crée son « alpha­bet plas­tique », une méth­ode de com­po­si­tion fondée sur des cor­re­spon­dances entre let­tre, forme, couleur et son. Ses tableaux sont alors con­stru­its à par­tir d’un mot qui donne le titre à la toile. En 1949, il expose de façon détail­lée cette méth­ode dans son livre L’art non fig­u­ratif, non objec­tif. Grâce à cet ouvrage, aux con­férences qu’il donne à l’Atelier d’Art Abstrait, à la prési­dence du Salon des Réal­ités Nou­velles de 1946 à 1955, Herbin devient une référence pour les pein­tres abstraits de la sec­onde généra­tion, comme Vic­tor Vasare­ly ou Richard Mortensen, et les artistes ciné­tiques qui émer­gent à la fin des années 1940. Auguste Herbin meurt à Paris au début de l’année 1960.